Envisagez-vous de faire du commerce avec le Mexique? Cette année pourrait être parfaite. Les opportunités entre le Mexique et l’Union européenne ont atteint un niveau record depuis les 25 années d’existence de leur accord de libre-échange.
En janvier 2025, l’Union européenne et le Mexique ont signé un protocole d’entente visant à renforcer leur partenariat établi en 2000. Cette entente est cruciale, car les tensions géopolitiques actuelles, telles que la guerre commerciale américaine et les droits de douane imposés, ont créé un contexte propice à l’expansion des échanges commerciaux entre les deux pays.
Enjeux clés et résultats attendus — Ce que prévoit l’accord:
L’Union européenne a cherché à accéder aux marchés agricoles mexicains, ce qui a incité le Mexique à accepter de réduire de 95 % les droits de douane sur les produits agricoles européens tels que le fromage, la volaille, le porc, les pâtes, les pommes, les confitures et le chocolat. En outre, les contingents tarifaires pour le bœuf et la volaille mexicains ont été augmentés.
L’accord a porté à 568 le nombre d’indications géographiques protégées par l’UE au Mexique, ce qui garantit que davantage de produits européens sont reconnus et protégés.
Le récent accord établit un accès privilégié aux services mexicains et aux marchés publics pour les entreprises de l’UE. Cela inclut les banques, les assureurs et les télécommunications français. Ce traité facilite l’entrée des entreprises européennes sur le marché mexicain des services et leur permet de soumissionner sur des contrats publics à égalité. De plus, un chapitre sur l’investissement mis à jour instaure un nouveau système judiciaire pour résoudre les litiges. L’Union européenne cherchait à préserver ses investisseurs, tandis que le Mexique obtenait l’assurance que ses réformes (comme celles dans le domaine de l’électricité) ne seraient pas annulées par l’arbitrage.
Développement durable: l’accord s’aligne sur les priorités de l’UE et de la France, avec un chapitre sur le commerce et le développement durable. Ce dernier contient des engagements contraignants en ce qui concerne le travail (conventions de l’OIT) et l’environnement (changements climatiques et biodiversité). Les deux parties s’engagent à respecter l’Accord de Paris sur le climat et à lutter contre la déforestation. Des comités indépendants appliquent ces règles. La coopération s’étendra aux énergies renouvelables, à l’utilisation efficace des ressources, ainsi qu’aux mesures de lutte contre la corruption. Elle visera également à ce que le développement du commerce soit conforme aux standards français sur les changements climatiques et sociaux.
L’Union européenne a récemment mis à jour son accord sur la compétitivité et les matières premières, qui couvre désormais les matières premières stratégiques, la sécurisation des chaines d’approvisionnement en minéraux critiques nécessaires à la transition énergétique de l’Europe, ainsi que la simplification des procédures douanières. Le Conseil souligne que cette collaboration accrue en matière de règlementation contribuera à renforcer la compétitivité de l’industrie et des services européens sur le marché mexicain.
Souveraineté énergétique: Le Mexique a décidé de ne pas inclure son secteur de l’énergie ni ses services publics dans l’accord. La présidente, Claudia Sheinbaum, a clairement exprimé la volonté du pays de privilégier son industrie nationale et de conserver le contrôle sur le secteur de l’électricité. L’UE a accepté cette décision, ce qui a permis de protéger les réformes énergétiques mexicaines dans le texte final.
Rôle et position de la France
La France, puissance économique majeure de l’Union européenne, a significativement influencé la position de négociation de l’UE. Les exportateurs français, comme les producteurs de fromage et de vin, ont plaidé pour des réductions tarifaires sur les produits de l’UE. Cependant, le lobby agricole a réclamé des protections contre la « concurrence déloyale » des importations à bas prix. La France a plaidé pour l’instauration de droits de douane ou de contingents spéciaux sur les produits sensibles. Elle a aussi défendu des mesures de durabilité, comme des dispositions sur le travail, les droits de la personne et le climat. De plus, la France a exercé des pressions pour une protection accrue des indications géographiques. Elle a également considéré la modernisation comme faisant partie de la stratégie de l’UE visant à renforcer ses liens avec l’Amérique latine. Les analystes ont observé qu’en 2024-2025, l’UE a accéléré la négociation d’accords commerciaux avec le Mexique, le Chili et le Mercosur afin de diversifier ses alliances dans un contexte de tensions commerciales mondiales.
Comment avons-nous atteint ce point ? Analyse rétrospective des échanges commerciaux
L’Union européenne (UE) et le Mexique ont négocié l’Accord mondial entre 1997 et 2000, couvrant les règles d’origine et l’agriculture. Les pourparlers ont débuté à Bruxelles en décembre 1997, avec des enjeux clés:
1. Règles d’origine: Le Mexique a plaidé pour des règles souples, tandis que l’UE a insisté sur des exigences plus rigoureuses.
2. Agriculture: le Mexique s’inquiétait de l’impact négatif des produits européens abordables sur les agriculteurs locaux, tandis que l’UE cherchait à accéder à leur marché.
Le Mexique a accepté de réduire plusieurs taxes douanières industrielles, et l’UE a fait des concessions limitées sur certains produits agricoles (à l’exception des produits laitiers). Signé en mars 2000, l’Accord de partenariat économique, de coordination politique et de coopération est entré en vigueur le 1er octobre 2000, marquant la première ALE latino-américaine de l’UE. Il abroge presque tous les tarifs douaniers sur les marchandises manufacturières et diminue progressivement ceux qui sont appliqués aux denrées alimentaires. Au cours des deux dernières décennies, les échanges commerciaux entre l’UE et le Mexique ont connu une croissance remarquable, atteignant près de 82 milliards d’euros en 2023. L’UE est maintenant le deuxième partenaire commercial du Mexique, et le Mexique est devenu l’un des dix « partenaires stratégiques » de l’UE en 2008. Cependant, les tentatives de modernisation de l’accord n’ont pas abouti.
Modernisation 2016-2025: En mai 2016, l’Union européenne et le Mexique ont convenu de réviser l’Accord mondial de 2000. Ils ont alors inclus de nouveaux enjeux, comme le commerce numérique, les services, l’investissement et les matières premières. En avril 2018, ils ont conclu un « accord de principe » sur les chapitres commerciaux. Les détails techniques ont été finalisés en avril 2020. Les ratifications sont en suspens en raison des réformes constitutionnelles du Mexique en matière d’énergie et des changements politiques. Les parties ont poursuivi leurs activités en vertu de l’entente générale désuète de 2000. En 2023, l’avocate générale de l’UE, Ursula von der Leyen, et le président mexicain Obrador ont annoncé de nouvelles négociations, mais aucun progrès n’a été réalisé jusqu’à ce que la présidente Claudia Sheinbaum (2024) exclue le secteur énergétique nationalisé du Mexique de tout accord. Elle a insisté pour que l’accord s’aligne sur les plans de développement du Mexique. Malgré cela, le commissaire européen au Commerce, M. Šefčovič, a continué les pourparlers, estimant que l’accord permettrait de diminuer la dépendance vis-à-vis des relations commerciales incertaines avec les États-Unis.
L’avenir
Pour la première fois en 25 ans, la nouvelle dynamique économique mondiale a dissipé les craintes concernant un accord de libre-échange global. Les obstacles aux négociations, qui avaient échoué entre 2016 et 2023, semblent avoir été surmontés.
Le 17 janvier 2025, l’Union européenne a annoncé la conclusion des pourparlers politiques sur un « accord mondial » révisé entre elle et le Mexique. Après sa ratification, ce nouvel accord supplantera le traité de 2000, qui régissait les biens et services, les investissements, l’approvisionnement et la collaboration en matière de règlementation. Il contiendra des engagements fermes en faveur du développement durable.
Cette entente permettra-t-elle enfin de moderniser la relation entre les parties, de même que de les aligner sur les tendances commerciales actuelles ? Nous croyons que oui. Les deux parties souhaitent ratifier l’accord avant la fin de 2025. En avril 2025, la vice-présidente de l’UE, Theresa Rivera, a affirmé, lors d’une visite au Mexique, que « nous avons trouvé un terrain d’entente pour moderniser l’accord international, qui a bénéficié à nos communautés et à notre économie depuis 25 ans. » Elle a ajouté qu’il était devenu impératif de procéder à cette modernisation en raison des pressions géopolitiques causées par la guerre commerciale menée par les États-Unis et des droits de douane imposés par le président Donald Trump.
En conclusion
Au cours des vingt-cinq dernières années, les débouchés commerciaux entre l’Union européenne et les entreprises mexicaines n’ont jamais été aussi avantageux. Comme c’est le cas pour tout autre marché, les entreprises qui saisissent rapidement l’occasion ont plus de chances d’obtenir une part du marché plus importante.